mercredi 21 avril 2010

Mocheté désespérée

Dans l'épisode précédent, la moche Folle se désespérait de son statut de femme au foyer. Obnubilée par la nullité de son quotidien, elle en était à se questionner sur sa capacité d'être une bonne mère pour sa progéniture...

L'épisode de cette semaine : APOCALYPSE À LA PISCINE

Musique d'intro : Dou toudou dou di dla di pui di dlou.... (bis, bis et rebis avec comme musique de fond un solo de flûte de pan)

Un minivan arrive dans le stationnement de la piscine municipale. On entend les basses d'une musique pop endiablée de l'intérieur de celle-ci. Par la fenêtre du véhicule, on peut voir une famille radieuse qui entonne à plein poumon le refrain d'une chanson rythmée (aux paroles peu recommendables...mais bon!). La voiture se gare et le moteur s'arrête en même temps que la musique. On entend, toujours de l'intérieur du véhicule, le choeur familial scander le refrain (rassurez-vous, la cacophonie rend inaudible les paroles de la chanson). Les portes de l'auto s'ouvrent. Apparaissent Folle et Bûcheron se trémoussant. Ils se dirigent chacun vers leurs portes respectives pour en sortir leur marmaille.

Le clan se dirige vers la bâtisse. Doudoune se déhanche et sautille, Binou chante (hurle) des mots incompréhensibles entrecoupés de bruits de pets et de ricanements (il est sans contredit son meilleur public!), Bûcheron et Folle font des "lalalère! la la la la li la lèreu!", même la petite Moucheron y met du sien et tappe de joie dans ses mains! Pour peu, le soleil brillerait dans un ciel bariolé aux couleurs de l'arc-en-ciel! Les lapins sautilleraient de ça et là, sur l'herbe grasse et verdoyante, parsemée de jolies tulipes jaune et rouge. Des câlinours descendraient pour venir faire la ronde du bonheur avec nous tant l'instant semblerait parfait.

Soudain, à l'entrée de la bâtisse, Binou s'arrête net. Ses yeux s'écarquillent, sa bouche s'ouvre. Un looooong râle se fait entendre. Puis, d'une voix gutturale il annonce : "Je veux pas aller dans la piscine, bon!".

Faisant la sourde oreille, mais resserrant légèrement leur poigne, les deux parents poursuivent leur chemin et s'engouffrent dans l'établissement.

Musique dramatique d'orgue

Gros plan sur le visage de Binou qui se renfrogne. Ses traits se crispent, ses sourcils se froncent et ses yeux se plissent en une fine ligne. Un grognement sourd. Puis, toujours cette voix : "Je veux pas aller dans la piscine, bon!".

Une lueur d'inquiétude traverse le regard de Folle.

Bûcheron inspire profondément, et déterminé, répond à Binou : "Tu viens, c'est non négociable". Puis, il disparaît en compagnie de l'enfant dans le vestiaire. Folle, Doudoune et Moucheron se déplacent vers les estrades et se trouvent une place parmi les parents venus encourager et attendre leur marmaille.

L'atmosphère est lourd en ce superbe dimanche ensoleillé.

Est-ce que son instinct maternel s'est soudainement décidé à se pointer le bout du nez? Folle, pressent que quelque chose cloche. Une tension voire une peur lui tenaille le ventre. Tel un animal aux aguets, Folle retient son souffle et agrippe ses mains moites aux poignées de la poussette.

En une fraction de seconde, le froid envahit la pièce. L'air tantôt moite et tempéré autour d'elle devient glacial. Elle croise alors le regard de Doudoune anxieux. Puis, devant elles apparaît Binou en compagnie de Bûcheron. La haine se lit dans ses yeux.

Binou ne lâche pas Folle du regard et répète d'une voix gutturale :"Je veux pas aller à la pisciiiiiiiiiiiiiiine!". Faisant fi de ces paroles, Folle ne cille pas. En fait, pas jusqu'au moment où...

faisant dos à sa mère et sans se retourner, la tête de Binou tourne sur elle même à 180 degrés et dans un hurlement de fureur lance : "JE VEUX PAS ALLER À LA PISCINE! AAAAAAAAAAAAARGL!", suivi d'invectives en toutes sortes de langues étrangères (en fait, ça ressemblait aux paroles d'une chanson pop déjà entendues quelque part...).

Stupéfiée et horrifiée par cette vision démoniaque, Folle tente de réagir, mais ses membres sont paralysés par l'horreur. Elle ne peut empêcher Binou d'éructer un violent jet de vomi verdâtre dans l'eau.

Une fois libéré de son Mal, la tête de Binou poursuit sa rotation et reprend sa place normale. Pendant ce temps, les responsables accourent et prennent la décision de fermer la piscine pour des raisons d'hygiène.

Sur le visage de Binou se dessine rictus victorieux. Il n'ira pas à la piscine, bon.

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