Fantasme de décembre
À chacun ses petits secrets. Le mien, est devenu trop lourd pour que je puisse encore le garder pour moi seul. Je dois alléger ma conscience.
Il est difficile à croire que quelqu'un comme moi, symbole du raffinement et du bon goût par excellence puisse avoir des envies aussi déviantes.
À chaque année c'est la même chose. Lorsque décembre se pointe le gros orteil, mon corps en entier s'éveille, se met aux aguets et se languit de son arrivée. Nos expériences sont nombreuses et la plupart du temps Ô combien satisfaisantes!
Au début, Bûcheron ignorait tout de cette double vie. Je gardais notre relation secrète. Mais le temps a fait son oeuvre et il m'était de plus en plus difficile d'excuser mon manque d'appétit à Bûcheron. C'est un soir de décembre qu'il nous a surpris ensemble, moi en tenue légère.
Un regard de stupéfaction, suivit d'une profonde incompréhension. Il a baissé les yeux et est parti. Jamais nous n'en avions reparlé depuis.
Je ne peux oublier la perte de contrôle et le plaisir coupable. Le frisson d'exhaltation à la seule pensée de nos premiers rapprochements. Et ce, malgré tout l'amour que j'éprouve pour mon homme légitime!
Inlassablement, je me souviens de toutes ces années animées par mes pulsions incontrôlables ; celles-ci me menant à cette même expérience fatidique que je répète à m'en rendre malade s'il le faut.
Bûcheron a fini par s'y faire...
Même que depuis deux ans, dans un élan chevaleresque, il se permet d'être le premier à l'inviter à la maison dès son apparition à l'épicerie du coin.
Cette année, c'est lui qui, à la fin du repas a planté son regard dans le mien et a affirmé :
- Je sais que tu rêves à ça depuis plusieurs jours ma chérie.
Et il m'a servi un généreux morceau d'une glorieuse bûche Vachon!!!
Reine du gras trans que je me suis empressée d'ingérer en doses massives!
Ô divine pâtisserie industrielle,
Je ne suis pas digne de te manger,
Mais dit seulement une parole,
Et je t'engouffrerai!