jeudi 23 août 2007

Le complot de l'esclavage

Ça y est.

Je viens de déposer grasçon à la garderie pour sa première journée (euh...précisons, dixit ma conscience, pas pour la journée, mais jusqu'à 11:30 pile poil.) . Je rêve depuis des lustres du moment où je serai enfin seule avec moi-même. J'avais rêvé à une multitude de projets à concrétiser. Et me voilà avec 2h30 de pure liberté...plus démunie que jamais.

Tout ça m'amène à penser que c'est la faute des bébés.

Avant même leur naissance, ils transforment leurs mères en esclaves. Processus insidieux au départ, car tout au long de la gestation, ils profitent de l'euphorie des futures mamans pour commencer leur sale boulot : nausées (le terme anorexie gestationnelle, me paraît plus crédible), névroses (comment expliquer la baleine en pleurs dans son salon devant une pub de papier de toilette où l'on voit un mignon bambin s'amusant dans le papier-cul avec la ménagerie : bébé chien, chat, hamster...) , boulimie (couramment appelé petit creux de la femme enceinte), envies diverses (pipi -la plus fréquente, lubriques, agressives, changeantes...), et j'en passe.

Petit à petit, ces grands manipulateurs révèlent leurs intentions en prenant le corps de la parturiente otage. Le bide prend des proportions stupéfiantes, voire inquiétantes, les hanches semblent se déplier afin de nous offrir un derrière plus grand que nature (le bon côté : vue panoramique portable sur les Appalaches à chaque fois que vous vous penchez!), la fermeté (des fesses, des bras, des cuisses, de la taille ...et même du cerveau) s'amollit, vous devenez la meilleure amie d'un propriétaire de moissonneuse batteuse dû à votre pilosité nouvellement hyperactive, sans oublier l'effet baudruche (bébé vous souffle dans le cordon et vous gonfle du bout des orteils aux bouts des doigts en moins d'une journée!). Et encore là, les nouveaux parents refusent de voir le complot en face et continuent de s'aveugler en beuglant d'admiration devant la femme enceinte au paroxysme de sa féminité...(femme, définition : grosse sphère de gras qui pleure et qui hurle.)

Pour finir le travail et aliéner ses géniteurs, le bébé profitera de sa naissance pour soumettre ceux-ci à la plus grande privation de sommeil qu'ils n'ont jamais vécue. Voilà le coup de grâce. Combinées à l'allaitement, les nuits de 26 secondes assureront au bébé son emprise sur la maman. Il aura atteint son but et réduit ses parents à l'esclavage.

Pendant tout ce temps, ceux-ci rêveront (pendant leur 26 secondes de sommeil...) à leur émancipation. Ils bâtiront des châteaux en Espagne (où le plus loin possible de leur tyran) .

Puis arrivera la journée où bébé ira à la garderie.
Où maman se sentira complètement désemparée de retour à la maison.
Désoeuvrée à un point tel qu'elle tentera en vain de se souvenir de tous les beaux projets qu'elle voulait réaliser une fois seule.

Car maintenant qu'elle l'est, tout ce qu'elle voudrait c'est retrouver son grasçounet.

De l'esclavage dans sa plus pure expression je vous dis!

6 commentaires:

S@hée a dit…

Le pire, c'est qu'on entend très clairement bébé pleurer malgré la distance et l'angoisse et la cuplabilité et les remords nous dévorent.

Quand on arrive à la garderie, on retrouve un bébé babillant et on apprend qu'il n'a pas versé une larme.

Pourtant, on l'avait bien entendu...

Grande-Dame a dit…

Je suis ébahie! Je n'avais jamais vu la chose sous cet angle, mais il semble bel et bien y avoir conspiration!

J'aime beaucoup ta définition, je me sens soudainement moins naïve, comme si tu m'avais servi la désillusion sur un plateau d'argent.

Incroyable.

Madame C. a dit…

s@hée : tu m'espionnes où quoi??!?!? À lire ce commentaire j'ai l'imression que tu me connais mieux que moi-même... :)

grande dame : je suis comme ces journalistes qui font des enquêtes de terrain.... vocation manquée, dommage que je sois enseignante!

Anonyme a dit…

S'il vous plaît, y'en a ici qui essaient de se préparer pour leur coup de foudre avec leur nouveau bébé. Dites, pourriez pas parler moins fort des 26 secondes de sommeil?

Madame C. a dit…

désolée... c'était pas 26, mais l'inverse, soit : 62 secondes de sommeil (mais très profond, ça compense! héhé!)

Anonyme a dit…

Quand on pense à tout ce qu'on a le temps d'écrire sur Internet pendant ces 86 374 secondes d'insomnie restantes...

Oh que j'aime la vision de cette vieille chaine de montagnes, les Appalaches.

De belles images, franchement, très éloquentes, chair Fola Lhié.

Zed :D